Tout savoir sur le dispositif ARENH et l’écrêtement.

Qu’est-ce que l’ARENH et comment fonctionne-t-il ?

L’Arenh, ou Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique est le dipositif qui représente une opportunité pour les fournisseurs d’électricité alternatifs de se procurer de l’électricité auprès d’EDF, selon des modalités définies par les autorités publiques.

Initié par la loi NOME en 2010, l’ARENH avait pour objectif de mettre fin au monopole d’EDF en rééquilibrant les forces sur le marché de l’électricité. Chaque année, 100 TWh de la production nucléaire d’EDF sont mis à disposition des fournisseurs alternatifs à un tarif de revient de 42 €/MWh, offrant ainsi un avantage tarifaire par rapport au marché.

Les Contrats ARENH : Deux Options pour les Consommateurs

Les fournisseurs alternatifs proposent des contrats dits « ARENH » à leurs clients, se déclinant en deux catégories distinctes :

  1. Contrats ARENH Classiques : Bien que les consommateurs bénéficient de tarifs avantageux comparés au marché, ces contrats ne garantissent pas un prix fixe. Les fournisseurs répercutent un pourcentage calculé en fonction du taux d’écrêtement sur les factures.
  2. Contrats ARENH sans Plafond ou Pré-écrêtés : Ces contrats offrent des prix fixes, intégrant déjà le taux d’écrêtement. Bien que les tarifs soient plus élevés, ils offrent la certitude de ne pas subir d’augmentations suite à l’annonce du taux d’écrêtement.

Depuis 2018, la demande de contrats ARENH par les fournisseurs alternatifs a dépassé les 100 TWh alloués.

Ajustements Exceptionnel du Taux d’ARENH en Réponse à la Demande en 2022

Suite à la forte demande des dernières années, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a augmenté le taux d’ARENH accordé aux fournisseurs alternatifs en 2022, passant à 120 TWh le 1er avril 2022.

Écrêtement ARENH : Une Nécessité face à la Demande Croissante

La différence entre la quantité initialement autorisée d’ARENH (100 TWh) et la demande réelle des fournisseurs est écrêtée. La portion écrêtée doit ensuite être achetée sur les marchés, parfois à des prix élevés, avec une répercussion de cette augmentation sur les factures des consommateurs.

Évolution de la Demande ARENH au Fil des Années

Voici un aperçu de la demande d’ARENH chaque année depuis 2013, illustrant l’augmentation constante de la demande et les taux d’écrêtement associés :

Année de livraisonDate d’annonce du taux d’écrêtementQuantité d’ARENH demandée (en TWh)Taux d’écrêtementPrix du marché
201330/11/1240 
201429/11/1336 
201528/11/1433 
201630/11/152 
201730/11/1630 
201801/12/1795 
201930/11/1813325%57,67€/MWh
202029/11/1914732%49,14€/MWh
202130/11/2014631,60%46,59€/MWh
202201/12/2116037,60%169,25€/MWh
202301/12/2214832,57%445,16€/MWh
202401/12/2313023,32%106,55€/MWh

Fin de l’ARENH en 2026 : Les Enjeux pour le Marché de l’Énergie

L’Arenh, en vigueur pendant 15 ans, tire sa révérence à la fin de 2025. Ce mécanisme, servant de repère à EDF pour fixer les prix facturés aux industriels, atténuait jusqu’ici les secousses d’un marché notoirement instable.
Cependant, le tarif plancher de 42 € par mégawattheure fixé à l’époque suscitait des tensions chez EDF. La société considérait cela comme une perte, alors qu’elle affiche une dette colossale de 65 milliards d’euros et doit investir au moins 25 milliards d’euros annuellement pour entretenir son parc nucléaire et construire de nouveaux réacteurs.

EDF et l’État ont convenu d’un nouveau prix de référence. À partir de 2026, le prix de vente de l’électricité nucléaire oscillera autour de 70 € par MWh, presque le double de l’Arenhl’objectif est de garantir un prix raisonnable pour les consommateurs, compte tenu des échanges d’électricité actuels autour de 120 € le MWh pour une livraison en 2025. Il est essentiel de noter que cela représente le prix de gros d’achat pour les fournisseurs alternatifs et ne reflète pas le coût final supporté par les consommateurs.

Concrètement, le nouveau dispositif implique une taxation des revenus d’EDF à 50 % lorsque l’électricité est vendue au-delà de 78 à 80 € le MWh, et à 90 % au-delà de 110 € sur le marché de gros. Le chiffre de 70 € représente ainsi un prix moyen. Pour l’État, l’objectif est de réaffecter ces fonds aux consommateurs.

Bonne nouvelle pour les TPE : le dispositif sera désormais accessible aux entreprises les plus consommatrices d’énergie (artisans, boulangers, etc.) alimentées au-delà de 36 kVA.
Selon Bruno le Maire, toutes les entreprises de moins de dix personnes et de moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires auront droit à un tarif régulé, sans seuil à 36 kVA.


Cependant, des hausses de prix de l’électricité sont inévitables, bien que limitées, comme le souligne le ministre de l’Industrie Roland Lescure. Ce plafonnement des prix est donc bienvenu, même s’il reste des zones d’ombre quant à la mise en place concrète du dispositif.